NUMÉRO 55 | 2017

Abolir la condition humaine : entre chimères et calamités


Éditorial

p. 5

par

Jean-Paul

Deléage
Dossier

Coordination : Mathias Lefèvre et Jacques Luzi

La dynamique des technosciences, qui participe de la mondialisation du capital et du néocolonialisme, en est venue, dans sa guerre d’extermination de la nature vivante, au projet de lui substituer une nature artificielle (biologie de synthèse, géo-ingénierie), préparant la construction de technocosmes et la colonisation de l’univers. À ce dessein d’artificialiser la nature correspond celui d’artificialiser l’humain, découlant des progrès médicaux, génétiques et informatiques : cyborgisation du corps, extension illimitée des capacités physiques et corporelles, prise en charge technoscientifique de la reproduction, eugénisme, allongement indéfini de l’existence. Soutenue par le mouvement transhumaniste aussi bien que par l’imaginaire propagé par les médias de masse, qui portent la religiosité du Progrès à son paroxysme, disposant de puissants soutiens politiques et financiers, cette résolution de s’extirper de la condition humaine est-elle désirable et vraisemblable ? Ne va-t-elle pas conduire, plutôt qu’à l’avènement d’un « paradis artificiel », à la généralisation de conditions inhumaines, voire infrahumaines ? N’est-elle pas une tentative désespérée et suicidaire de maintenir intacts les invariants de la domination industrielle ?

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